Le Président de Bio Grischun: «Chez nous, le bio sera la norme d’ici dix à quinze ans»

11. avril 2018



Claudio Gregori préside Bio Grischun depuis février 2007, et il peut se réjouir que, depuis son entrée en fonction, il y a maintenant officiellement plus de soixante pourcents des entreprises agricoles grisonnes qui produisent en bio. Il explique en interview quels facteurs font des Grisons un «canton bio» et à quoi doit ressembler son avenir bio.

Claudio Gregori, que signifie pour vous le slogan «Le bio, près de vous.»?

Il y a toujours plus d’entreprises agricoles qui produisent en bio. Donc le bio se rapproche et nos trajets pour avoir des produits fermiers bio se raccourcissent. Et en même temps il y a toujours plus de produits bio dans toujours plus de magasins et de restaurants. Si on accorde de l’importance à la valeur des denrées alimentaires pour son propre corps et à une alimentation saine, alors il est évident de décider d’acheter des produits bio.

Quels facteurs ont transformé les Grisons en canton bio avec plus de soixante pourcents de fermes bio?

Plusieurs facteurs ont mené à cette grande proportion de bio dans le canton des Grisons. Premièrement, de nombreux producteurs avaient dès le départ des contacts très étroits avec les consommatrices et les consommateurs grâce à la vente directe et au tourisme, ce qui leur a permis d’identifier leur envie d’avoir de plus en plus de produits naturels et régionaux et de réagir en se reconvertissant au bio. Deuxièmement, de nombreuses entreprises de transformation ont également reconnu très tôt cet engouement pour le bio. Lorsqu’une fromagerie importante n’accepte plus que du lait bio, ses producteurs suivent le mouvement. Et troisièmement nous avons par rapport à d’autres cantons une très forte proportion de fermes herbagères pour lesquelles la reconversion à l’agriculture biologique est moins difficile que par exemple pour des domaines de grandes cultures, de viticulture ou de maraîchage. Le mouvement bio des Grisons a donc engendré sa propre dynamique: Il y a de plus en plus de producteurs connus et en vue qui se reconvertissent au bio, ce qui à son tour en inspire d’autres à faire de même.

Y aura-t-il encore suffisamment d’acheteurs si la vague de reconversions au Bio Bourgeon se poursuit?

L’évolution actuelle montre que toujours plus de personnes achètent des produits bio. Nous devons essayer de satisfaire cette demande, et en même temps nous sommes confrontés au défi de rester authentiques malgré la croissance et de ne pas édulcorer notre Cahier des charges au bénéfice de la croissance.

Comment motiver d’autres paysannes et paysans à se reconvertir au Bio Bourgeon?

Bio Grischun renonce consciemment à un pronostic de croissance. Notre but premier est de renforcer la conscience des nouveaux producteurs pour les influences positives de l’agriculture biologique afin qu’ils émettent à leur tour des signaux positifs dans ce sens. Nous aimerions qu’ils ne vivent pas le bio comme une méthode de production limitée par un Cahier des charges mais qu’ils apprécient ses avantages pour le sol, l’environnement et les animaux. Nous communiquons avec des arguments concluants à la fois proches de la pratique et de l’économie. Nous aimerions montrer que l’agriculture biologique est tout à fait praticable.

La proportion de bio dépasse huitante pourcents dans le Val Poschiavo. Pensez-vous qu’il soit un jour possible que l’agriculture des Grisons soit cent pourcents bio?

Je ne trouve pas que cent pourcents soit un chiffre à faire valoir. Car si on découvre des problèmes ne serait-ce que dans une seule ferme, adieu les cent pourcents! L’agriculture biologique deviendra néanmoins d’ici dix ou quinze ans la norme agronomique dans la Grisons avec une proportion entre septante et nonante pourcents. Ça, c’est absolument réaliste et nous nous dirigeons déjà bel bien dans cette direction.

Comment le tourisme et la restauration complètent encore ce vaste assortiment bio?

La collaboration avec la restauration et le tourisme est un des axes de travail important pour les prochaines années. Je pense qu’il y a là encore beaucoup de potentiel. À part la haute gastronomie, qui a reconnu très tôt l’importance du bio et de la production régionale, l’écoulement dans le reste des canaux de la restauration est encore difficile. D’un côté il me semble que de nombreux restaurateurs n’ont pas encore remarquéepeur leurs clients aimeraient des produits bio de la région, et de l’autre la disponibilité des produits et les quantités nécessaire peuvent être des obstacles sérieux pour eux. Bio Grischun aimerait favoriser les contacts entre les restaurants et les producteurs et créer une plateforme qui permettrait aux cuisiniers de s’informer sur la disponibilité des produits dans le canton. Je vois une autre option au niveau politique, où nous aimerions lancer un processus pour que les hôpitaux, les cantines d’écoles et les EMS utilisent davantage de produits bio venant de la région. Je crois que le bio doit être une évidence pour les institutions qui ont un mandat dans le domaine de la santé.

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